Catherine Millet peut aller se rhabiller. A dixsept ans, la jeune Sicilienne Melissa P. est devenue un véritable “phénomène littéraire” dans la Péninsule. Plus de cinq cent mille exemplaires vendus en moins de cinq mois, le journal intime de Melissa P., où cette jeune lycéenne de Catane raconte par le menu ses expériences érotiques précoces, rivalise aujourd’hui avec Harry Potter. Un comble au pays du Vatican. Numéro un absolu des ventes de fictions dans la Péninsule, “Cent coups de brosse avant d’aller dormir” (“100 colpi di spazzola prima di andare a dormire”) a dépassé toutes les espérances de la petite maison d’édition romaine Fazi Editore. Traduit dans une vingtaine de langues, le journal de Melissa sera publié aux Etats-Unis par Grove Atlantic o l’éditeur de Kerouac o et Jean-Claude Lattès en France. L’actrice fétiche d’Almo-dovar, Francesca Neri, a déjà prévu d’en faire un film. Elle a le nom d’un virus informatique. Mais Melissa existe en chair et en os. Avec son air sage et déterminé de collégienne modèle et son regard un rien désabusé, elle est même venue sur le plateau télévisé de Maurizio Costanzo o le papy débonnaire de la télévision berlusconienne o pour assurer que son livre est une “authentique” autobiographie écrite à l’âge de seize ans. Dire que son journal intime est pimenté est un euphémisme. Orgies avec inconnus, rapports sado-maso et expériences ex-trêmes nauséeuses, décrites avec la précision d’un ornithologiste, “Cent coups de brosse…” n’est sans doute pas le premier roman dont rêvaient nécessai-rement les parents de Melissa. Le “Times” lui a consacré une demi-page et “Il Manifesto” y décèle l’expression de “la fureur adolescente de l’expé-rience et de la découverte”. Moins enthousiaste, l’hebdomadaire “L’Espresso” y voit surtout un énorme coup médiatique et le signe de ” la faillite authentique d’une certaine idée de la littérature “.
Poursonéditeuro qui publie les livres de JohnFante et Léo Malet en Italie o, la jeune Melissa a un réel talent littéraire qui s’inscrit dans la grande veine des fables siciliennes de Giovanni Verga et Luigi Ca-puano. Un demi-siècle après ” Bonjour Tristesse “, la Zoe Trope sicilienne traduit aussi, à sa manière, la détresse d’une génération.

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